Tag: intelligenza collettiva
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ricercatore - sito web
Lévy Pierre
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Insegna presso il dipartimento di Hypermedia all'Università di Parigi VII a Saint-Denis. Si e' laureato con Castoriadis e' autore di "L'intelligenza colletiva. Per un antropologia del cyberspazio" 1994 (trad. it 1996) |
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Insegna presso il dipartimento di Hypermedia all'Università di Parigi VII a Saint-Denis. Si e' laureato con Castoriadis e' autore di "L'intelligenza colletiva. Per un antropologia del cyberspazio" 1994 (trad. it 1996)
La Communication tous-tous
Le cyberespace en voie de constitution autorise pour la première
fois une communication non médiatique à grande échelle.
Comme on le sait, les médias classiques (relation un-tous)
instaurent une séparation nette entre centres émetteurs
et récepteurs passifs isolés les uns des autres.
Les messages diffusés par le centre réalisent une
forme grossière d'unification cognitive du collectif en
instaurant un contexte commun. Néanmoins, ce contexte est
imposé, transcendant, il ne résulte pas de l'activité
des participants au dispositif, il ne peut être négocié
transversalement entre les récepteurs. Le téléphone
(relation un-un) autorise une communication réciproque,
mais ne permet pas de vision globale de ce qui se passe sur l'ensemble
du réseau ni la construction d'un contexte commun.
Dans le cyberespace, en revanche, chacun est potentiellement émetteur
et récepteur dans un espace qualitativement différencié,
non figé, aménagé par les participants, explorable.
Le World Wide Web est un tapis de sens tissé par des millions
de gens et remis toujours sur le métier. Du raboutage permanent
de millions d'univers subjectifs (les "sites web") émerge
une mémoire dynamique, commune "objectivée",
navigable. On découvre aussi des paysages de significations
émergeant de l'activité collective dans les MUDS,
sortes de jeux de rôles en forme de mondes virtuels langagiers,
élaborés en temps réel par des centaines
ou des milliers de jeunes gens dispersés sur la planète.
Sur un mode moins élaboré, on trouve également
ces mémoires communes sécrétées collectivement
dans les conférences électroniques des babillards,
ou les news groups d'Internet, dont la liste changeante dessine
une carte dynamique des intérêts de communautés
vibrionnantes. Dans les meilleurs cas, ces dispositifs constituent
des sortes d'encyclopédies vivantes. Ici, on ne rencontre
pas les gens principalement par leur nom, leur position géographique,
ou sociale, mais selon des centres d'intérêts, sur
un paysage commun du sens ou du savoir.
Le point commun des nouvelles formes d'intelligence collective
est la structure de communication "tous-tous". Selon
des modalités encore primitives, mais qui s'affinent d'année
en année, le cyberespace offre des instruments de construction
coopérative d'un contexte commun dans des groupes nombreux
et géographiquement dispersés. La communication
se déploie selon toute sa dimension pragmatique. Il ne
s'agit plus seulement d'une diffusion ou d'un transport de messages
mais d'une interaction au sein d'une situation que chacun contribue
à modifier ou stabiliser, d'une négociation sur
des significations, d'un processus de reconnaissance mutuelle
des individus et des groupes via l'activité de communication.
Le point capital est ici l'objectivation partielle du monde virtuel
de significations livré au partage et à la réinterprétation
des participants dans les dispositifs de communication tous-tous.
Cette objectivation dynamique d'un contexte collectif est un opérateur
d'intelligence collective, une sorte de lien vivant tenant lieu
de mémoire, ou de conscience commune. Une subjectivation
vivante renvoie à une objectivation dynamique. L'objet
commun suscite dialectiquement un sujet collectif.
L'hypercortex
La transmission et le partage d'une mémoire sociale sont
aussi vieille que l'humanité. Récits, tours de mains
et sagesses passent de génération en génération.
De l'écriture à l'enregistrement du son et de l'image
animée, le progrès des techniques de communication
et d'enregistrement a étendu considérablement la
portée du stock partageable. Aujourd'hui, l'information
disponible en ligne ou dans le cyberespace en général
comprend non seulement le "stock" déterritorialisé
de textes, d'images et de sons habituels, mais également
des points de vue hypertextuels sur ce stock, des bases de connaissances
aux capacités d'inférence autonomes et des modèles
numériques disponibles pour toutes les simulations. Outre
ces masses de documents statiques ou dynamiques, des paysages
de significations partagées coordonnent les structurations
subjectives variées de l'océan informationnel. La
mémoire collective mise en acte dans le cyberespace (dynamique,
émergente, coopérative, retravaillée en temps
réel par des interprétations), doit être nettement
distinguée de la transmission traditionnelle des récits
et des savoir-faire, comme des enregistrements statiques des bibliothèques.
Un des caractères les plus saillants de la nouvelle intelligence
collective est l'acuité de sa réflexion dans les
intelligences individuelles. Les actes du psychisme de l'humanité
deviennent presque directement sensibles aux personnes. Certaines
formes de mondes virtuels permettent quasiment d'exprimer, de
visualiser en temps réel les diverses composantes de psychismes
collectifs.
Tout autant que la recherche utilitaire d'information, c'est la
sensation vertigineuse de plonger dans le cerveau commun et d'y
participer qui explique l'engouement pour Internet. Naviguer dans
le cyberespace revient à promener un regard conscient sur
l'intériorité chaotique, le ronronnement inlassable,
les banales futilités et les fulgurations planétaires
de l'intelligence collective. L'accès au processus intellectuel
du tout informe celui de chaque partie, individu ou groupe, et
alimente en retour celui de l'ensemble.
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